Le crash de la caravelle Ajaccio-Nice

Publié le par Koloss



La catastrophe de la caravelle Ajaccio-Nice, les familles des victimes s’apprêtent à relancer l’enquête.

La catastrophe de la caravelle Ajaccio Nice qui s’est abîmée en mer le 11 septembre 1968, au large du cap d’Antibes faisant 95 victimes, a-t-elle été provoquée par un tir de missile d’exercice ? Cette question hante la plupart des familles des victimes depuis trente-sept ans. Elles estiment n’avoir obtenu du ministère de la Défense que des réponses partielles. Louis Paoli dont les parents Ange-Marie et Toussainte comptaient ce jour-là parmi les passagers, se bat avec son frère Mathieu à la tête d’un collectif des victimes (qui représente 35 familles) afin d’obtenir la vérité. Ils ont recueilli un certain nombre de témoignages troublants susceptibles d’accréditer la thèse d’un crash provoqué lors d’un exercice de tirs de missiles. Seulement, ces témoignages n’ont pas un caractère officiel.

Qu’importe pour les frères Paoli. Animés par une farouche détermination, ils viennent d’entamer des démarches afin de relancer l’enquête au plan judiciaire grâce à de nouveaux témoignages qu’ils ont recueilli et réservent à la justice : « nous disposons désormais de témoignages suffisamment crédibles pour relancer les investigations. Pour nous la thèse du missile est plus que jamais recevable ».

En effet, au moment où, en ce 11 septembre 1968, la caravelle d’Air France survole la Méditerranée des opérations militaires ont lieu en mer et dans les airs. Deux Mystère IV, en particulier, procèdent à des essais de tirs de missiles. C’est la raison pour laquelle, dans une liste de questions adressées au ministre de la Défense, le 9 janvier, les frères Paoli demandent d’avoir accès aux nombreux documents relatifs aux opérations militaires en cours, ce jour-là. Les deux responsables du collectif des victimes ont été reçus au ministère de la Défense le 12 octobre 2004. De hauts responsables militaires leur ont remis divers documents classés Secret-Défense : « nous pensons que ces documents étaient triés de même que ceux que nous expédient les autorités militaires aériennes et maritimes », estime Louis Paoli.

Le collectif des victimes réclame, en particulier ce qui est signifié dans un procès-verbal des renseignements généraux, établi le 11 mai 1970. À savoir l’existence de 9 000 photos sous-marines prises au cours d’opérations effectuées en mars 1969. Confrontée à ces demandes, la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie ne s’est jamais dérobée.

Dans un courrier en 2004, la ministre précisait : « l’accident de la caravelle ne peut être imputable aux forces armées qu’il s’agisse de la marine, de l’armée de l’air ou de la Délégation générale de l’armement ou de toute autre force ou unité. En effet, écrivait-elle, le Centre d’essai de la Méditerranée de l’île du Levant n’a procédé à aucun essai de tirs de missile entre le 26 juillet et le 23 septembre 1968 ».

Louis et Mathieu Paoli, qui ne mettent pas en doute la bonne foi de la ministre de la Défense, estiment cependant que ce dossier sensible a sans doute été « expurgé » des renseignements délicats, au moment des faits. Dès lors, soutiennent-ils, les documents, consultables actuellement, ne contiennent aucun élément significatif. Dans un courrier qu’elle a adressé aux frères Paoli, le 24 janvier, la ministre de la Défense observe que les enquêtes judiciaires et administratives « qui ont été conduites en leur temps n’ont pu que conclure à l‘absence de preuve de l’origine criminelle ou délictuelle des faits en cause. Il vous appartient, précise Michèle Alliot-Marie, si vous l’estimez utile, de solliciter la réouverture de l’information judiciaire pour charges nouvelles ». Telle est la ferme intention des deux frères qui recherchent toujours, parallèlement, de nouveaux témoignages. (1) Louis Paoli se tourne désormais vers le chef de l’État. Il vient d’écrire au président de la république au nom des familles des victimes qui s’estiment bafouées : « les pouvoirs publics, notamment les ministères des transports de la Défense, de la justice et des Transports, ne sont pas dans un esprit de transparence totale dans ce douloureux dossier ». Les familles des victimes qui ont droit à la vérité quelle qu’elle soit, ne sont sans doute pas au bout de leurs peines.

38 ans après : le devoir de vérité de l’État.

L’État désormais ne peut plus se dérober. Le ministère de la Défense a le devoir de révéler la vérité, s’il la détient, aux familles des 95 victimes de l’accident de la Caravelle Ajaccio-Nice. Chaque 11 septembre, depuis 38 ans, ces familles voient ressurgir les sombres images de la récupération des corps de leurs proches au large du cap d’Antibes. C’est là, qu’à 10H33 la Caravelle Ajaccio-Nice s’est écrasée à 280 km à l’heure. Les derniers messages du commandant de bord, enregistrés par la tour de contrôle demeurent toujours aussi mystérieux : « J’ai des ennuis… Nous demandons atterrissage… Nous avons le feu à bord ».

Jusqu’à présent, les proches des victimes ont dû se contenter d’un rapport de neuf pages, de la commission d’enquête du ministère des Transports qui concluait en 1970 que la perte de l’appareil avait pour cause un « incendie » qui se serait produit à l’arrière de l’avion, dans les toilettes, à « l’origine indéterminée ». La commission ne fut pas en mesure d’établir les causes du sinistre. Juste des hypothèses : un mégot mal éteint aurait mis le feu à la moquette des toilettes.

Depuis 38 ans, les familles des victimes ont le sentiment de se heurter à un mur de silence. Elles ne parviennent pas à faire leur deuil. Nombreuses, sont celles qui ont renoncé à, enfin, obtenir la vérité. Pourtant, certaines n’ont pas baissé les bras. Louis, Jacques et Mathieu Paoli dont les parents ont trouvé la mort ce 11 septembre 1968, ces trois frères poursuivent une véritable croisade. Inlassablement.

Après avoir multiplié les démarches, ces dernières années auprès du ministère de la Défense, les frères Paoli viennent de franchir une étape importante. Ils ont déposé une plainte, en fin de semaine dernière, à Nice d’« homicide involontaire contre l’État pris en la personne du ministre de la Défense et du ministre des Transports ». Ils assurent disposer de témoignages troublants « confirmant qu’un missile non armé est à l’origine de l’accident ».

Le dossier que leurs avocats ont remis à la justice s’appuie sur des témoignages d’anciens militaires. Le plus récent rapporte la confession, indirecte de l’un d’eux ayant participé au tir de missile. Un autre témoin, Pierre Loffredi, qui effectuait en 1970 son service national au centre de programmation de la marine à Paris confie : « Un ingénieur chargé de la programmation des missiles sol-air m’avait confié qu’une erreur dans le programme de guidage des missiles avait provoqué la destruction de l’avion ».

Ces témoignages permettront-ils de relancer des investigations ? Un problème de prescription risque de se poser. L’information judiciaire a été close par un non lieu en juin I973. La prescription de « l’action publique » est acquise depuis 1983. Le Procureur Éric de Montgolfier se montre sceptique, interrogé par l’Afp «Sauf à modifier les règles de la prescription, je ne vois pas bien sur quoi cela pourrait déboucher».

Que la justice se saisisse de nouveau ou non du dossier, le but que se sont fixé les frères Paoli est d’obtenir la levée du secret défense à laquelle « les autorités se refusent, jusqu’à présent, tout en affirmant le contraire. On nous promène », dénonce Louis. Pourtant, Michèle Alliot-Marie, la ministre de la Défense a donné accès aux documents relatifs à l’accident, détenus par le service historique de la défense. Le 20 avril, elle précisait : « j’envisagerai la levée du secret de la défense dans l’intérêt de la manifestation de la vérité ».

Des propos encourageants pour les familles des victimes. Cette levée du secret défense, le sénateur maire de Nice la réclame depuis de nombreuses années. Jacques Peyrat s’est montré particulièrement sensible à ce drame.

En 1968, il avait participé à la récupération des corps des victimes. Le maire de Nice est à l’origine de la stèle érigée à Ferber sur laquelle sont gravés les noms des 95 passagers et membres d’équipage. Devant ce mémorial, le 9 septembre, Jacques Peyrat confiait : « La Grande Muette doit s’incliner devant la justice. La thèse du missile est la plus probable. Aussi faut-il lever le secret défense. Après tant d’années, cela ne signifie plus rien ».

Pour cause de prescription, le dossier du crash de la caravelle Ajaccio-Nice qui s'est abîmée en mer (11 septembre 1968), dû peut-être à un missile, ne devrait pas être rouvert. Nous avons cependant recueilli de nouveaux témoignages.

Saura-t-on un jour si la caravelle Ajaccio-Nice qui s'est abîmée en mer le 11 septembre 1968 a bien été victime d'une « bavure » militaire ? Même si l'enquête parallèle menée par l'une des familles des victimes a récemment avancé de manière notable, ce n'est pas sûr. Tout simplement parce que le dossier a fait l'objet d'un non-lieu et que les faits sont prescrits, ce qui interdit toute nouvelle enquête judiciaire. Également parce que, pour l'instant, si un certain nombre d'éléments et de révélations permettent de douter de la version officielle qui conclut à un accident dû à un incendie ayant endommagé un réacteur (voir le dossier de Corsica de décembre 2004), aucun témoignage direct n'est venu formellement contredire la thèse de l'accident entérinée par la justice. Témoignages qui, depuis le temps, auraient pu éventuellement venir de techniciens ou de militaires ayant participé aux manoeuvres militaires qui, le 11 septembre 68, auraient entraîné le tir incontrôlé d'un missile vers la caravelle. Missile d'essai, non chargé (sinon la caravelle aurait explosé) qui aurait, selon la thèse des familles de victimes et de certains témoins, pu percuter, en l'endommageant, l'un des réacteurs de l'avion.

Après avoir passé des années à commémorer la catastrophe aérienne qui, rappelons-le, a fait 95 morts, en tentant en permanence d'obtenir des informations complémentaires du ministère des Armées, dont ils ont fini par rencontrer des responsables en 2004, les frères Paoli, Mathieu et Louis, qui représentent les familles, ont décidé de solliciter à nouveau la justice. En septembre 2006, leurs avocats ont déposé une plainte auprès du procureur de Nice, Éric de Montgolfier, en appuyant leur démarche sur toute une série de documents et, surtout, de six nouveaux témoignages écrits susceptibles de remettre en cause la version officielle. Démarche destinée à relancer l'affaire mais qui, compte tenu de la prescription, ne pouvait aboutir à une quelconque réouverture du dossier. Fait nouveau ou pas.
Le 10 février dernier, n'ayant eu aucune nouvelle du parquet de Nice, ils se sont décidés à rendre public l'existence de ces témoignages lors d'une conférence de presse.

Nous avons, quant à nous, pu joindre directement ces témoins. L'un d'eux, Jacques Lalut, un ancien commandant de bord aujourd'hui âgé de 84 ans qui avait déjà raconté son aventure dans un livre de mémoires, authentifie, lui, la réalité des tirs de missile parfois incontrôlés en Méditerranée. Alors que trois jours après le crash de la caravelle, après avoir décollé de Marignane, il pilotait, de nuit, un avion de la Tunis-Air, lui et son co-pilote ont aperçu sur leur trajectoire « un missile qui était passé à deux kilomètres de l'appareil ». « Si j'avais décollé 20 secondes plutôt, affirme-t-il, j'y avais droit. Et lorsque j'ai signalé - immédiatement - l'incident à ma station relais radio, près de Toulon, demandant de me donner des précisions sur la position du missile, on m'a répondu l'avoir vu tomber dans la mer au large du cap Bénat. J'ai prévenu la Direction de l'Aviation Civile à Paris, et je n'ai plus entendu parler de rien. »
Un autre témoin, Pierre Lofreddi, 61 ans, à l'époque stewart à Air-France, a non seulement vécu les faits « en direct », puisqu'il était dans le cockpit de l'avion 707 qui est arrivé à Nice juste après la disparition de la caravelle, mais a obtenu ensuite des informations qui ont conforté sa conviction, à l'époque partagée par ses collègues, que le crash avait bien été provoqué par un missile incontrôlé. « Juste après l'accident, raconte-t-il, la plupart des navigants, dont les commandants de bord, qui savaient qu'il y avait des manoeuvres militaires dans la région, penchaient pour cette hypothèse. Les plus techniciens d'entre nous pensions que l'explosion du réacteur avait provoqué la coupure des circuits hydrauliques de l'appareil devenu de ce fait incontrôlable ».

Il poursuit : « Deux ans après, en 1970, alors que je faisais mon service militaire, compte tenu de mes capacités en informatique, j'ai été affecté au centre de programmations de la Marine, à Paris dans le quinzième arrondissement, où l'on s'occupait principalement de missiles ou de torpilles. Là, lors d'une conversation avec des ingénieurs, j'ai évoqué le crash de la caravelle Ajaccio-Nice et ceux-ci m'ont dit qu'ils étaient parfaitement au courant et qu'il y avait eu un bug dans le programme de guidage mis au point. Ils m'ont indiqué que lorsqu'ils avaient refilé les missiles aux opérationnels, ils en avaient paumé un sur leur écran radar et l'avaient laissé filer au lieu de le détruire, pensant qu'il allait s'abîmer en mer. Manque de pot, il aurait été attiré par la chaleur et aurait croisé la route de la caravelle. Si je me souviens bien, ils m'avaient précisé que le missile avait été tiré d'une base se trouvant sur l'île du Levant. J'en ai parlé à ma femme, et j'ai fini par oublier l'affaire. Jusqu'à ce que j'entende parler de la démarche des frères Paoli et que j'adresse un témoignage au procureur Montgolfier dans le but de forcer l'État à reconnaître sa faute ».

Noël Chavanet, lui, était stagiaire en 1972 à la Thompson à Vélizy, dans la banlieue parisienne, lorsqu'il aurait rencontré un ingénieur du département radar qui, à l'époque des faits, travaillait à la mise au point des systèmes de déclenchement des missiles solaires. « Il m'a déclaré, affirme-t-il, que lors des premiers essais, en Haute-Provence, un missile avait échappé à ceux qui l'avaient lancé et percuté par erreur la caravelle Ajaccio-Nice ».

Autre témoignage plus étonnant, celui de Bernard Famchon. « En 1970, dit-il, alors que je faisais mon service militaire au 40e régiment d'artillerie, au camp de Suippes, à côté de Mourmelon en Champagne, j'étais serveur au foyer auquel pouvaient accéder tous les soldats qui venaient à l'époque faire des manoeuvres dans le camp. Un soir, l'un d'entre eux s'est écroulé en pleurant sur le comptoir. Il disait vouloir parler à quelqu'un parce qu'il n'en pouvait plus. Il voulait, comme on dit, soulager sa conscience et nous a raconté que deux ans auparavant il était serveur sur une batterie de missile couplée à un système radar où il attendait le passage d'un avion cible. Lorsque la cible supposée est passée, le missile avait été lâché et avait atteint la caravelle Ajaccio-Nice... Il a ajouté que les autorités militaires les avaient ensuite contraints à garder le silence. Ce que, visiblement, il ne supportait plus ».
Ce n'est qu'il y a trois ans, alors qu'il pensait que cette affaire était réglée et la thèse du missile établie, que Bernard Famchon a découvert, dans un journal, le combat des frères Paoli et a décidé de les contacter pour témoigner.

Autre témoignage adressé au parquet de Nice, celui de Jean Machon. Alors qu'il effectuait son service militaire au ministère de l'Air, à Paris, en 1969, un an donc après le crash de la caravelle, il affirme avoir eu connaissance d'un « document confidentiel » qui faisait état de « l'erreur » qui avait conduit à cette catastrophe. « Il s'agissait d'un télex d'une dizaine de lignes, se souvient-il, qui était tombé entre les mains d'un copain qui travaillait, lui aussi en tant qu'appelé, à l'État-major, le ministère étant commandé par le Général Morvan. Il n'aurait jamais dû avoir ce document entre les mains et il me l'a montré. Malheureusement, on en a pris connaissance et on l'a détruit, parce que, à l'époque, on ne savait pas comment l'utiliser. On avait 19 ans, on n'a même pas pensé à faire une photocopie... On en a juste parlé à deux trois copains et moi, à mes parents, lorsque je suis rentré chez moi, à Maubeuge, lors d'une permission... »

Pour le reste, Jean Machon, qui se reproche encore son manque de réaction, ignore d'où venait ce télex et à quoi il était exactement destiné. Par contre, il se souvient du nom de celui qui avait récupéré le télex : un certain Daniel Bouedec, originaire de Guingamp, dont ni lui ni les frères Paoli qu'il a contactés il y a trois ans, n'ont jusqu'ici retrouvé la trace... C'est d'ailleurs en faisant ce travail de fourmi destiné à retrouver des témoins de plus en plus proches des faits que Louis et Mathieu Paoli, qui tiennent bon depuis des années, parviendront peut-être à établir publiquement ce qu'ils n'arrivent pas, pour l'instant, à faire reconnaître par l'armée et la justice qui a depuis longtemps bouclé une affaire aujourd'hui largement oubliée.

Combien d’années encore les familles des victimes de la catastrophe de la caravelle Ajaccio-Nice (95 morts, le 11 septembre 1968) vont-elles lutter pour connaître enfin la vérité ? Combien d’années encore devront-elles réclamer la réouverture de l’enquête ? Les explications que livre le Ministère de la Défense, depuis le drame, ne satisfont pas les proches des victimes.

Ces victimes qui auraient été effacées de la mémoire collective, au nom de la raison d’État, si chaque 11 septembre, depuis 39 ans, des cérémonies ne leur rendaient hommage, tant à Nice qu’à Ajaccio. Les blessures des familles demeurent toujours aussi vives. Un sentiment renforcé par la décision, l’an dernier, du procureur Éric de Montgolfier de classer « sans suite » le dossier de la catastrophe : « les faits sont prescrits. Il est impossible de rouvrir le dossier d’un point de vue judiciaire », a répété le procureur.

Les familles ne l’admettent pas. Depuis 1968 elles sont persuadées que la caravelle a été « abattue par un missile non armé provoquant un incendie ». En dépit de cette apparente impasse judiciaire, trois frères, Jacques, Mathieu et Louis Paoli dont les parents ont trouvé la mort dans cette catastrophe, continuent de lutter afin de connaître la vérité « nous irons jusqu’au bout », assène Louis Paoli. La détermination dont témoignent les familles, s’est considérablement renforcée ces derniers mois. Nous avions fait état de six témoignages accréditant la thèse du missile. Ils avaient été transmis à Éric de Montgolfier. En vain. Le 12 février dernier, les frères Paoli ont révélé ces témoignages.

Depuis, plusieurs témoins ont décidé de sortir de leur silence : le dossier des frères Paoli s’est renforcé. De six témoignages recueillis au départ, une dizaine d’autres personnes ont accepté de raconter, par écrit ce qu’elles savent. Ces nouveaux récits sont particulièrement troublants. Ainsi en est-il de la déclaration d’un promeneur, Étienne Bonnet. Le 11 septembre 1968, il se trouvait, vers 10H30, au bord de mer entre Juan-les-Pins et Golfe-Juan. Muni d’une paire de jumelles, il regardait l’évolution de gros poissons :

« j’ai regardé la caravelle qui descendait assez lentement vers Nice. Soudain, une traînée bleu ciel, provenant de l’extérieur, frappa l’appareil à la hauteur du réacteur sur son côté gauche. Un incendie se déclara. Puis, une terrible explosion se produisit. Des boules de feu se confondaient avec les nuages et des morceaux en feu tombaient sur la mer. Une deuxième explosion eut lieu et le reste de l’appareil tomba en feu dans la mer ».

Ce témoignage accréditant que la caravelle a été percutée de l’extérieur est considéré comme déterminant par Mathieu Paoli. Il a demandé à cet homme pour quelle raison il parlait si tard : « il m’a expliqué qu’il avait eu peur. Aujourd’hui, je veux soulager ma conscience ».

Certes, ce témoignage ne suffit pas à rouvrir une enquête. Il n’est cependant pas unique. Ainsi, un appelé qui était en poste radar à Prunet-Belleville au PC de défense Nord de la France chargé de la surveillance de l’espace aérien, raconte : « Je travaillais en salle d’opération en tant que sous-officier le jour de la catastrophe. La caravelle aurait subi un tir d’essai de missile sol-air qui aurait détruit l’appareil. C’est la version qui a été évoquée en salle d’opération par les officiers.

Ce témoignage complète d’autres qui méritent d’être étudiés. C’est le cas de celui de Bernard Famchon. Il était serveur au foyer du 40e Régiment d’artillerie à Suippes, près de Mourmelon. : « Un soir de l’été 1970, un militaire a fondu en larmes. J’étais en septembre 1968, en Méditerranée, servant sur une batterie a-t-il confié. Nous disposions d’un radar automatique, couplé avec la batterie qui devait abattre un avion cible militaire qui allait passer. Tout était réglé automatiquement. Quand l’avion est passé sur le radar, l’automatisme a fonctionné, le missile est parti. Aussitôt après, on nous a prévenus qu’il fallait arrêter le tir car il y a avait un avion civil qui arrivait. Mais c’était trop tard : le missile était parti ! ».

Ces témoignages, parfois indirects, ne constituent pas des preuves d’un point de vue judiciaire. Ils confortent la thèse du missile. Désormais, l’État se doit de dire la vérité.

Publié dans Secrets d'états

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L
.
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J
<br /> <br /> UN INCENDIE EN CABINE N'A JAMAIS EMPÊCHE UN PILOTE DE PILOTER.   LA COMMISSION D'ENQUÊTE A RECHERCHE LES CAUSES DE L'INCENDIE AU LIEU DE RECHERCHER LES CAUSES DE L'ACCIDENT.<br /> <br /> <br /> <br />
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